L'ascentus latéralis, plus communément appelé DAHU, est un animal curieux, qui représente un extrême de spécialisation résultant d'une longue évolution dans un environnement restreint.
Cet animal, qui
n'existe que dans les régions montagneuses de Barcelonnette - St Pons,
(
Alpes de Haute Provence ) est caractérisé par une
adaptation parfaite à son étroit milieu écologique.
Il possède, précisons le, des pattes plus courtes d'un côté que de l'autre, ce qui lui permet de se déplacer latéralement sur un terrain en pente, d'où son nom scientifique d'ascentus latéralis.
On en connait deux types morphologiquement bien distincts :
- le dahu dextrogyre
- le dahu lévogyre
Le dahu dextrogyre possède des pattes plus courtes du côté droit, et ne peut donc se déplacer autour d'une montagne que dans le sens des aiguilles d'une montre.
Le dahu lévogyre lui, a des pattes plus courtes du côté gauche, et se déplace donc dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.
Pour atteindre le sommet d'une montagne, les deux types de dahus doivent se déplacer en réalisant une spirale autour de la montagne.
La reproduction :
La saison des amours se situe approximativement, comme pour l'homme, entre le 1er janvier et le 31 décembre.
Pour que la reproduction ait lieu, il faut qu’un dahu mâle s’accouple avec un dahu femelle.
Comme pour l'homme également, mais nous allons voir que c'est tout de même plus compliqué, outre qu'un dahu peut également mourir d'épuisement à tourner autour d'une montagne sans jamais rencontrer l'âme soeur.
Les deux formes morphologiques du dahu ne sont pas, en fait, des espèces différentes.
En effet, si les dahus dextrogyres se reproduisent généralement entre eux (ainsi que le font également de leur côté les dahus lévogyres), il arrive que des dahus morphologiquement différents parviennent à se reproduire.
Ceci, vous vous en doutez, malgré les difficultés mécaniques évidentes que représente cette douloureuse opération, difficultés liées au savant et compliqué calcul des courbes de terrain, des degrés de pente, des axes des spirales et des obstacles rencontrés.
En effet, les deux dahus ne peuvent pas se déplacer dans la même direction, et la rencontre entre un mâle dextrogyre et une femelle lévogyre est de ce fait rare, et ne peut se faire qu'après une périlleuse marche arrière, généralement près du sommet d'une colline ou d'une montagne, ce qui limite la longueur de ce difficile parcours et demande une augmentation de la précision.
Cette espèce, rare, a depuis longtemps intrigué les généticiens.
Suite à une enquête approfondie sur le terrain, ainsi que de nombreux tests en laboratoire, une hypothèse sérieuse a pu être dégagée et retenue quant au moyen de transmission des caractères génétiques du dahu.
La morphologie et le comportement ambulatoire du dahu sont déterminés par deux jeux de gènes dominants :
- le premier gène, appelons le A, détermine la différence de longueur entre les pattes avant et les pattes arrières.
- le second gène, appeleons le P, détermine le côté duquel se trouveront les pattes courtes ou longues.
Il est donc parfaitement compréhensible que la plupart des dahus, qui sont le résultat de l'accouplement de 2 dahus dextrogyres ( ou de 2 lévogyres ), aient la même morphologie que leurs parents.
Mais, l'accouplement (rare) d'un dahu dextrogyre avec un dahu lévogyre, donne des résultats tout à fait différents.
La distribution statistique de la progéniture suivant les lois de Mendel doit donner ;
- 25% de dahus homozygotes, donc possédant 2 gènes AA, avec 2 pattes courtes devant et 2 pattes longues à l'arrière.
- 25% également homozygotes, mais avec des gènes PP, donc : 2 pattes longues à l'avant et 2 pattes courtes ) l'arrière.
- 49% d'hétérozygotes ( gènes A + P ) possédant des pattes courtes diagonalement opposées, en alternance avec des pattes longues ( caractéristique dite du balancier ).
- le 1% restant, étant ceux qui naissent sans pattes, ou avec 4 pattes de la même longueur.
Mais, ce ne sont là que des résultats de laboratoire, les variantes vues précedemment ne se rencontrant pas dans la nature sous forme adulte du moins.
En effet, les dahus aux pattes courtes à l'avant ne peuvent se déplacer que vers le haut.
Quelques minutes après leur naissance, ils commencent à grimper la montagne, arrivent au sommet, et vont s'écraser sur les pentes rocheuses du versant opposé.
Les dahus aux pattes longues à l'avant se déplacent eux vers le bas, et l'on peut à l'occasion retrouver leurs corps s'entassant dans le lit des rivières, lacs et ruisseaux de la vallée.
Quant aux dahus hétérozygotes, aux pattes courtes diagonalement opposées, ils sont incapables de se déplacer et périssent sur place.
Alors, risquez-vous ou aurez vous la chance de voir un dahu un jour ?